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Cheverny

Les archives mentionnent la vieille famille blésoise des Hurault, dès la fin du XIII° siècle. Ensuite, les propriétaires vont se succéder, laissant plus ou moins le château à l'abandon.
Il faudra attendre 1764 pour que Dufort obtienne de Louis XV la charge de lieutenant général du Blésois, en même temps que la terre, et prenne le titre de comte de Cheverny. Il mettra 12 ans à restaurer le château dans lequel il donnera de merveilleuses fêtes.

En 1825, Cheverny fut racheté par Anne Denis Hurault, marquis de Vibraye, de la branche aînée. Il fit combler les fossés au sud, abattre les communs du XVIII° siècle. Depuis, le château est toujours resté dans la famille et habité par les descendants de cette ancienne lignée.
Le marquis compris, l'un des premiers, qu'il fallait ouvrir au public ces demeures historiques et continuer cependant d'y vivre et d'y maintenir les traditions, la vénerie française, par exemple, passion royale et art subtil. La visite du chenil de 70 chiens de meute, croisement de " fox-hunt " et de Poitevin, et celle de la salle des trophées où sont exposés les bois de 2000 cerfs, environ, témoignent de la vitalité de l'équipage de Cheverny depuis 1850.

Le plan d'ensemble marque une rupture complète avec la conception du château féodal, fût-il corrigé par la Renaissance. Cheverny est cité comme le 1er exemple de ce style du XVII° siècle qu'on dira " classique ".

Le schéma du château fort n'a cependant pas disparu. Le pavillon central, plus étroit, portant les armoiries du seigneur et contenant l'escalier à deux rampes droites et voûtées, rappelle le châtelet d'entrée, les deux pavillons latéraux, plus puissants et plus hauts, correspondent aux tours et les pavillons intermédiaires aux courtines. Plus médiévales encore, les douves, comblées au XIX° siècle, du côté sud, mais maintenues au nord. Leur dessin est rappelé par celui du parterre. Mais il n'y a plus ni donjon, ni créneaux, ni mâchicoulis.
Quant au décor, il exclut désormais l'invention et la fantaisie du vieux génie gothique, au profit d'une rigueur architecturale toute romaine. L'équilibre des volumes et la symétrie, sont celles d'une épure idéale. Le relief et l'esprit de la façade sud naissent de la qualité et du travail du matériau, la pierre de Bourré, calcaire dur blanchissant avec l'âge. Il ne s'agit pas de la transformer en feuillage, personnages ou animaux, pierre elle doit rester pierre.

Sur cette composition puissante et sobre viennent jouer les niches arrondies, garnies de bustes des douze Césars, les frontons en arc du rez-de-chaussée, en volutes affrontées, aux étages, et le rythme régulier des hautes fenêtres superposées.

La façade nord est traitée de façon différente, dans un style fréquent sous Louis XIII, en chaînages de pierre, encadrant une maçonnerie de moëllons, autrefois enduits. Au nord du parc, la belle orangerie du XVIII° siècle regarde vers le midi.

Le vrai spectacle de Cheverny commence avec la visite des appartements : plafonds, boiseries, cheminées, peints par le blésois Jean Mosnier, boiseries de Hammerber, pièces de mobilier de grande qualité, tapisseries, toiles attribuées au Titien et à Raphaël.